FileMaker et le grand écart logiciel…

Ces derniers temps, nous avons beaucoup parlé de la compatibilité de la nouvelle version du système d’exploitation Mac OS X 10.14 Mojave avec FileMaker…

Certains parmi vous ont eu la mauvaise surprise de ne plus pouvoir lancer leur FileMaker 14 une fois Mojave installé. D’autres s’interrogent de savoir s’ils ont intérêt à faire la mise à jour de leur(s) FileMaker déjà anciens (version 9, voire antérieure), et pour cela, de changer de système d’exploitation voire d’ordinateur…

La question n’est pas simple et je n’ai évidemment pas les moyens d’y répondre.
Elle se pose pour nous également puisque, pour certaines opérations bien spécifiques, nous avons besoin de garder des anciennes versions de FileMaker (avec extension .fp7 voire .fp5) pour réaliser des migrations pour nos clients vers la version actuelle. Cela suppose alors de garder des ordinateurs anciens, dont les systèmes d’exploitation sont compatibles avec ces versions.

La question se pose aussi pour d’autres logiciels que FileMaker. Ainsi l’un d’entre vous m’écrit qu’il conserve dans un coin un vieux Mac sur lequel se trouve ClarisWorks qu’il utilise toujours, au moins pour sa partie dessin.

Les plus anciens d’entre nous travaillant sur des Mac connaissent ce logiciel intégré, qui était très bien conçu et rendait de nombreux services. L’un de nos tous premiers tutoriels lui était d’ailleurs consacré. Nous avons tous regretté sa disparition, lorsque la firme à la Pomme a décidé de l’abandonner. En outre, sans remplaçant…

En tant qu’utilisateurs, nous avons à jongler et à naviguer le moins mal possible dans cette jungle des décisions prises par les éditeurs… décisions évidemment prises unilatéralement, pour des raisons de rentabilité commerciale (il est plus rentable de conserver Clairs HomePage – disparu néanmoins depuis longtemps – et FileMaker face à une féroce concurrence de la suite logicielle de Microsoft (par exemple) et à une évolution du marché).

Lorsque la dite politique commerciale est malgré tout pensée avec intelligence, elle permet de développer une plateforme logicielle – FileMaker – puissante et conviviale, en misant sur un produit plus original que ce que l’on trouve par ailleurs sur le marché et qui nous rend à tous service aujourd’hui…

Nous sommes obligés de suivre les éditeurs. Et de nous tourner vers d’autres alternatives pour pallier à des disparitions. Trouver un logiciel de dessin en ligne, par exemple ? Ce qui suppose alors, malheureusement, d’investir du temps de recherche, d’apprentissage et d’adaptation alors même qu’on était satisfait de son outil d’origine : je comprends vraiment le sentiment de frustration que l’on éprouve alors…

Mais les éditeurs eux-mêmes sont également tributaires de l’évolution d’une part de ce que produisent les autres éditeurs et d’autre part d’un marché en constante évolution.

Nous l’avons vu, la sortie d’une nouvelle version d’un système d’exploitation remet parfois en cause beaucoup d’aspects cachés de nos logiciels. C’est vrai à plus forte raison pour un logiciel comme FileMaker, qui est multi-plateforme !

Les runtimes – ces extensions de FileMaker qui viennent lui apporter des fonctionnalités complémentaires – doivent eux-mêmes s’adapter, une fois FileMaker lui-même compatible avec la nouvelle version du système d’exploitation…

Les systèmes d’exploitation évoluent parce que les besoins évoluent. Les éditeurs discernent une tendance, une vague de fond et s’y accrochent. Même si vous, nous ne vous sentez pas concerné par ce courant, parce que vous, vous ne faites pas de vidéo et de multimédia, aspect apparemment mis en avant par Mojave…

Les systèmes et les logiciels évoluent aussi parce qu’on leur en demande toujours plus : plus de fonctionnalités, plus de simplicité, une meilleure qualité (même si l’on n’a pas toujours le sentiment qu’elle est au RV)… Et aussi, plus de sécurité !

Si l’on s’amusait à traduire toutes ces contraintes en carte mentale ou… en graphe des liens 😉 , je pense que cela donnerait quelque chose de… dense 😉

Or, c’est dans ce maquis de besoins et de contraintes, et d’inter-dépendances, que les éditeurs-développeurs doivent s’orienter. Et avec le cumul des ans, plus un logiciel est ancien (pour FileMaker, plus de 30 ans !), plus cela devient compliqué ! Il est clairement impossible de maintenir et de suivre à l’heure actuelle les plus de 10 versions majeures de FileMaker existantes !!! Même nous, qui les suivons pas à pas, ne le pouvons pas ! Dès lors, FileMaker inc. a fait le choix de se limiter aux 2 ou 3 dernières !

Que faut-il conclure de tout cela ?

1) Suivre l’évolution des systèmes d’exploitation et des logiciels au fur et à mesure qu’elle se présente, avec néanmoins un petit temps de décalage (1) est préférable à faire un grand saut entre deux versions du système d’exploitation et de FileMaker à l’écart trop important. Depuis longtemps, nous conseillons à nos clients de ne pas laisser plus de 2 versions d’écart. Et c’est d’ailleurs l’une des raisons pour laquelle FileMaker inc. a mis en place depuis longtemps une politique commerciale de « maintenance », que ce soit en vente ou à plus forte raison en location (2).

En disant cela, je vous propose de laisser de côté le point de vue financier de l’affaire… Bien entendu, il n’est pas à négliger, et il faudrait comparer le coût d’une évolution constante, avec de simples mises à jour ou une location annuelle et celui de l’achat ou de la location d’une nouvelle version après des années de non évolution. Mais s’arrêter au point de vue uniquement financier est réducteur !

Car, en face du coût financier, il existe un autre coût, non négligeable : le coût humain !

Imaginez que vous passiez du jour au lendemain de la version 9 à la version 17 de FileMaker… Même si ses fondamentaux sont toujours là, vous aurez à acquérir d’un coup la découverte des barres d’outils horizontales à la place de la zone d’état verticale, laquelle possédait bien sûr bien moins d’outils que ceux que l’on trouve aujourd’hui… Vous auriez à apprendre à utiliser les nouvelles fenêtres de définition des calculs et des scripts… et j’en passe, bien sûr !

Apprendre à maîtriser les nouveautés de chaque nouvelle version majeure permet de les acquérir en douceur, de s’y familiariser, d’acquérir de nouvelles méthodes de travail… avec pour seul inconvénient celui de nous inviter à abandonner les anciennes… Et même si FileMaker a acquis de nombreuses nouvelles fonctionnalités au fil du temps, il reste solide et fiable, et à ma connaissance, la version 17 n’est pas plus bogguée que les versions plus anciennes…

2) Le seul vrai problème qui se pose est lorsqu’un éditeur décide d’arrêter un de vos logiciels favoris, de ne plus le mettre à jour pour le rendre compatible au nouvel environnement de travail qui pourrait être le vôtre… Il faut alors faire un choix : soit conserver une machine dédiée à ce logiciel et ne plus rien faire évoluer, soit trouver dans le marché un autre logiciel ou une autre solution pour faire l’équivalent…

Et comme les années passent vite, on en perd facilement la conscience, celle qui fait que l’on utilise parfois depuis 10 ans le même logiciel, qu’on en est effectivement satisfait mais que les éditeurs nous obligent à en changer…

Marie-Charlotte Potton

 

(1) : De mémoire, l’installation immédiate d’une nouvelle version de FileMaker sur un ordinateur avec un système d’exploitation compatible n’a jamais posé problème et les premières mises à jour de déboggage arrivent rapidement après la sortie d’une version majeure. En revanche, tel n’est pas toujours le cas pour les systèmes d’exploitation et/ou les autres logiciels. Mieux vaut attendre quelques temps avant de se précipiter sur toute nouvelle version et de lire dans les forums spécialisés ce qu’il en est.

(2) : Contrairement à ce que le mot « maintenance » évoque spontanément, il ne s’agit pas de dépannage mais de vous fournir automatiquement, à chaque nouvelle sortie, toute nouvelle version de FileMaker. Vous recevez par email le lien pour télécharger cette version. Grâce à ce contrat, vous êtes parfaitement à jour dans vos versions FileMaker…

 

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  1. Artigues Jacques
    5 ans ago

    J’ai, moi aussi, un petit macbook blanc, beau comme tout et qui fonctionne sous Mas Os 9 ; seule façon d’utiliser « Mac Project » de Claris, logiciel de planification génial disparu depuis longtemps sous la charrue de Microsoft. Concernant FM et Mojave avec version 16 je n’ai pas encore rencontré de problème …

    • Michel Lansard avait écrit autrefois un article à propos de MacProject dans la revue Icône, elle aussi hélas disparue.
      Et j’ai encore dans un coin le petit MacBook Blanc dont vous parlez 😉
      Merci pour l’information, précieuse, de l’utilisation de la version 16 de FileMaker avec Mojave. Soyez néanmoins prudent… Avec la version 17, je sais qu’il y a un bug mais que l’on peut, paraît-il facilement contourner ou réparer lorsqu’on le rencontre. Je n’en sais pas plus pour l’instant (je n’ai pas installé Mojave). Magalie et moi-même vous tenons au courant dès que nous en savons plus…


  2. Bertrand
    5 ans ago

    Enfin FileMaker 17 est presque entièrement compatible avec Mojave 10.14.1 ou 2.

    FileMaker a fourni une mise à jour en 17.0.3.304 qui règle pas mal de problème dont un peu plus de célérité, la réapparition des opérateurs dans le dialogue de calcul.

    J’ai moins d’écrans vides dans l’espace de scripts. Quand cela apparaît, la seule façon de réparer passe par un arrêt relance de Filemaker. Le rétablissement des tailles et emplacement des dialogues par défaut ne fait plus rien.

    Un peu de mieux qui permet de mieux travailler.

    PS : Dans le 11 ème paragraphe, il faudrait remplacer : « Les runtimes – ces ex…. » par « Les plugins – ces ex…. »

    • Merci @Bertrand de me rappeler à l’ordre 😉 Effectivement, la mise à jour 17.0.3.304 rend FileMaker 17 compatible avec Mojave 10.14…