Simple de faire une base FileMaker ? (1)

Est-il si simple que cela de faire une base FileMaker ?

Dans un commentaire posté sur notre blog et sur le forum fmsources, Guy, développeur, pousse un coup de gueule contre la politique marketing de FileMaker.

Lorsqu’on lit en effet la documentation marketing FileMaker, on peut avoir le sentiment que  tout est simple et qu’en un seul clic ou presque, on obtient la super base de données relationnelle, qui gère toute votre entreprise et fait même le café 😉

Je pousse le bouchon un peu loin, mais il y a un peu de cela. C’est la loi marketing, faire rêver le prospect pour le faire tomber dans son escarcelle. Personne n’y échappe, ni ceux qui ont besoin de se faire connaître, ni les prospects. Mais ceci peut avoir un effet pervers à l’égard de ceux qui travaillent et vivent à partir de développements FileMaker, et c’est ce que dénonce Guy.

Car, comment deviser et facturer au client N jours de développement lorsque celui-ci, s’appuyant sur son ressenti, pense que son besoin est simple et que FileMaker étant lui aussi simple, le développeur saura lui faire sa merveille en un coup de cuillère à pot et ce, pour un prix ridicule ! Si ce n’est pas le cas, c’est que soit le développeur est un nul, soit il est malhonnête et s’en met plein les poches !

Une question de marketing ou de ressenti ?

Dans ce scénario, je ne vise pas à incriminer le marketing de FileMaker, ni à le disculper. Le marketing fait partie de la règle du jeu et il faut en tenir compte. Mais à partir de là, il faut faire la part des choses. Mon propos ici est d’aider les développeurs à trouver les arguments justes – et il y en a – pour vendre au juste prix leurs prestations et en vivre !

Je reviendrai plus loin sur le marketing de FileMaker et la simplicité de son produit. Je veux simplement souligner ici que le marketing ne vient que renforcer un désir chez le client, celui d’obtenir un produit de qualité optimale au moindre coût, désir qui se conjugue avec la conviction que son besoin est simple et donc demande peu de travail de développement.

Lorsque je parle de « désir » et de « ressenti », je suis en plein dans la subjectivité. Les psychologues ont depuis longtemps mis en lumière le fait que la plupart de nos décisions (pour ne pas dire toutes), y compris celles très importantes, sont prises pour une part énorme de manière impulsives, et ce même avec un vernis de rationalité. Le marketing joue sur cet aspect et appuie sur l’un ou l’autre (ou les trois) des axes moteurs dans la prise de décision : le prix, le délai et la qualité du produit obtenu.

Dans la formation Personnes ressource, nous avons sensibilisé nos stagiaires à ces questions. Sans développer un cours de psychologie, nous leur avons donné les critères de discernement leur permettant de sentir assez vite dans quelle catégorie leur « client » se trouve et si le projet, du fait de l’attente de celui-ci, est viable. Car il n’est pas question, en tant que prestataire, de se mettre en danger pour répondre à toutes les demandes ou caprices d’un client non prêt à suivre les règles du jeu !

Dans tous les cas, et surtout lorsque le client discute les prix, il faut prendre le temps de la pédagogie. C’est-à-dire, prendre le temps d’une part d’être à l’écoute de ce qu’exprime le client et de ce qu’il ne dit pas (eh oui, il faut aller jusque là…) et d’autre part, de lui expliquer et réexpliquer le réel d’un développement et non ce qu’il imagine ou phantasme !

La part de relationnel joue donc un rôle non négligeable dans la réussite ou l’échec d’un développement, et la complexité de ce dernier – et donc son coût – lui est intimement lié. Ce serait une profonde erreur de l’oublier ! Mais cela ne dispense pas pour autant de se dispenser de se poser des questions sur l’outil que nous utilisons… Alors, FileMaker est-il simple ?

Marie-Charlotte Potton

Article suivant

Tags: , ,

Merci de laisser un commentaire (déjà 6 commentaires )

Désolé, les commentaires des articles réservés sont eux-mêmes réservés


  1. Jacques
    9 ans ago

    Ce n’est pas propre à FileMaker. Il y a des métiers pour lesquels il est rare que le client (sauf s’il n’en est pas à son premier coup) perçoive la complexité des problèmes engendrés par sa demande et le coût des prestations qui en découle. De plus comment lui expliquer que ses propositions de simplifications pour diminuer les coûts ne font que complexifier la situation?  » La simplification est la sophistication ultime » (Léonard de Vinci). En général, le premier contrat que je signe avec une collectivité territoriale en programmation d’équipements publics, est rarement au coût « normal ». En revanche, les suivants sont largement au-dessus du minimum vital. Les quelques supports que j’ai pu monter à l’aide FileMaker, me font penser que dans ce domaine aussi, personne ne soupçonne apriori le temps que l’on peu y passer. Ni d’ailleurs le temps que cela fait gagner.


  2. Marie-Charlotte
    9 ans ago

    J’aime bien votre citation de Léonard de Vinci, qui rejoint celle souvent citée de Saint Exupéry : « La perfection est atteinte, non pas lorsqu’il n’y a plus rien à ajouter, mais lorsqu’il n’y a plus rien à retirer.  ». La simplicité demande beaucoup de travail, on le sait en pédagogie dès qu’il s’agit d’expliquer quelque chose de compliqué ou dès qu’il s’agit de communiquer (écrire un article, un essai…). Elle vient souvent après un long temps de maturation. Elle est d’ailleurs un signe de maturité et de maîtrise du sujet traité par exemple.
    Oui, bien sûr, les réflexions que nous développons dans cette série d’article ne concernent pas que FileMaker et les développements FileMaker. Il y a une sorte de « loi générale » que vous énoncez très bien. Quoiqu’il en soit, il était important de restituer FileMaker dans le contexte général qui est le sien et donner ainsi aux développeurs des éléments de réflexion et d’argumentation…


  3. Fred
    9 ans ago

    Il faut aussi relever que oui, FileMaker est particulier à un certain niveau, dans la mesure où il atteint deux segments de publics cible assez différents :

    1. Ceux qui souhaitent utiliser FileMaker pour leur propres besoins, en tant qu’outil de gestion de micro structure ou groupe de travail. Par exemple, il sont nombreux à remplacer tout ou partie de leurs feuilles Excel au profit de bases de données qui, bien que simples, ou démarrées de modèles, s’avèrent beaucoup plus efficace et fiables
    .
    2. Ceux dont le métier ou l’activité principale consiste à développer des bases de données, généralement pour les autres, naturellement ;-).

    Bien sûr il existe des niveaux intermédiaires, et autres nuances, mais ça illustre bien le problème du département Marketing !

    Quoi qu’il en soit, oui j’ai vu passer pas mal de coup de gueule sur les forums à propos de cet argumentaire sur page web de FMI qui met effectivement l’accent sur « le coût très onéreux » des développeurs, dont on peu aisément se passer avec FMP.

    Un peu comme si on prenait la moitié de nos clients pour « taper » sur l’autre moitié.

    Je suggère néanmoins de prendre tout cela avec philosophie : si la population du groupe #1 augmente, je parie que celle du groupe #2 verra son volume d’affaire augmenter proportionnellement, pour autant qu’elle mette en pratique le professionnalisme suggéré dans le billet d’origine. Cela ne sera peut-être du « dev » pur, mais du coaching et de la formation.

    Amicalement,
    Fred


  4. Bertrand
    9 ans ago

    On a le même comportement avec les utilisateurs et leur ordinateur.
    On leur vend du achetez – branchez – surfez (une campagne iMac façon bonbon il me semble).
    Mais la réalité est bien loin de cela.
    Un autre phénomène parmi nos clients « industrieux » est l’obligation éternelle de vouloir ou devoir diminuer les coûts. Très peu ont une formation de chef d’entreprise et ne savent même pas ou ne s’imaginent même pas ce qu’une entreprise quelle quelle soit, à 1 000 ou à 1 personne, peut engendrer comme charges et devoirs. La seule chose qui les intéresse, c’est le chiffre bien gonflé de leurs primes en bas de leurs feuilles de paye.
    Oui, FileMaker peut être simple à utiliser, mais une application Filemaker ne peut pas rester exempte de difficulté et d’un peu de programmation. Calculer une facture avec des taux de TVA toujours en mouvement, des articles qui apparaissent ou disparaissent au gré des normes et des fournisseurs, avec des taxes qui s’accumulent au gré du temps n’est pas une affaire aussi simple que ça. Calculer une retraite de fonctionnaire est un casse-t^te chinois.
    C’est ceci qu’il nous faut vendre. Et de toute façon, si un professionnel fait appel à un autre professionnel, c’est qu’il se trouve lui-même devant une impasse et devra y laisser quelque argent pour régler son problème.


  5. Jacques
    9 ans ago

    Compliqué ou complexe ? Quelle est la différence ? Cela m’amusait de poser cette question à mes étudiants en préalable à un cours d’urbanisme.
    Quel pêcheur à la ligne n’a jamais oublié de refermer son moulinet ? Et constaté qu’il n’a fallu qu’une fraction de seconde pour qu’une une boule de noeuds et de flls entremélés se forme. Beaucoup dle patience et cette boule indémélable finit par redevenir un fil que l’on peut tendre et facilement réenrouler sur le moulinet. C’était compliqué mais simplifiable.
    Le développement urbain d’une ville par ex. est complexe. C’est à dire que l’on peut se le représenter sous la forme d’une boule indémélable de relations, d’interactions, d’enjeux, etc. sauf que dans ce cas, quel que soit la façon dont on l’aborde, on ne le réduira pas à un fil racontant une histoire de A à Z. La complexité ne se résouds pas, elle s’éclaire selon divers point de vue dépendant des observateurs. Chaque regard sera légitime, mais un agent immobilier par ex. n’y verra pas les mêmes noeuds qu’une associaton écologique. Et les revendications qui s’ensuivront peuvent s’avérer contradictoire en termes de proposition de développement.
    Qouick de FileMaker ? C’est un outli qui agit toujours en situation complexe. Il va bien permettre d’optimiser le travail d’un employé, voire d’un service, mais du seul point de vue de cet employé ou de ce service. De ce fait il va très certainement bousculer et réveler des méthodes désuettes en usage dans un enviromment proche (que vont devenir les tableaux excel chargés jusqu’à la gueule ?). Alors attention, on peut toujours espérer convaincre et propager des méthodes, mais il arrivera souvent qu’une lame de fond nous ramènera à la vielle routine en vigueur jusqu’ici. Et tellement plus simple!
    Alors utilisateurs de FileMaker, parfois envers et contre tous, tenez bon et n’oubliez pas d’apprende à nager !


  6. Marie-Charlotte
    9 ans ago

    Grand merci Jacques pour cet éclairage très bienvenu sur ce qui est compliqué et ce qui est complexe ! C’est vrai que l’on a tous tendance à utiliser l’un pour l’autre, moi comme les autres. Dans le cas de FileMaker, c’est clair que l’on est la plupart du temps dans la complexité et non dans quelque chose simplement de compliqué ! Alors oui, courage pour l’affronter et avancer avec FileMaker !