Autodidactes, soyons fiers de l’être

C’est quoi être autodidacte ?

Robert me téléphone. Il aimerait être coaché pour ses bases FileMaker, car il a un nouveau projet.

Je l’interroge sur ce qu’il cherche, sa version FileMaker,… et très vite il me dit :
« Vous savez, vous allez rire quand vous verrez ce que j’ai fait, je ne suis pas pro moi, je suis autodidacte,… ».

Je ne peux pas m’empêcher de réagir.
Pourquoi avoir apparemment honte d’être autodidacte ? Pourquoi un autodidacte ne serait-il pas pro, et vice-versa ?

Je pense alors aux « pros de FileMaker », en tous cas ceux que je fréquente depuis des années. Pour certains c’est à travers les FmConfs annuelles. Pour beaucoup c’est d’avoir travaillé avec eux (salarié ou partenaire Editomac). D’où viennent-ils ?

Leur origine est diverses : assistant réalisateur cinéma, gérant d’une entreprise de carrelage, responsable d’une boutique informatique, gérant d’une entreprise familiale de machines à écrire et imprimantes, graphiste en PAO,… et même… enseignante en théologie !
Tous et toutes ont appris FileMaker en autodidacte avant de se recycler pour en faire leur métier.

Personnellement j’ai fréquenté l’Université, mais à ma façon, très autodidacte. Je faisais très sérieusement la première année pour avoir des bases. Puis la seconde année j’allais, officieusement, suivre des cours dispersés de mon choix, en seconde, troisième, et parfois quatrième année en même temps. J’ai fait cela en faculté de Maths-Physique, puis Psycho-Socio, puis Économie Politique.
Là je me suis engagé à temps plein dans un organisme humanitaire international pendant plus de 16 ans. J’ai beaucoup appris au sein de cette université de la vie, en vivant avec les plus pauvres, ceux que l’on dit ignorants, illettrés,…

Je n’ai évidemment aucun diplôme. Au grand dam de mes parents !
Mais en réalité tout ce que j’ai appris me sert énormément pour comprendre les besoins, projets , métiers, engagements et cultures,…  de ceux qui nous confient leurs projets FileMaker.

Et là je m’interroge sur ce qu’est un autodidacte.

On dit souvent, du moins en France que c’est quelqu’un qui apprend tout seul. Cela m’a toujours semblé faux. Peut-on vraiment apprendre seul ?

Et ce matin, au hasard de mes lectures, je tombe sur cette définition de Marie Ymonet :

« L’autodidacte n’est pas celui qui apprend tout seul (ce qui à proprement parler ne veut rien dire), mais celui dont les connaissances ne sont garanties par aucun titre et défendues par personne ».

Autrement dit, c’est celui ou celle qui apprend de lui-même, sans le faire par un cursus scolaire officiel, sans la contrainte et les formes de la scolarité (au sens large).

Si j’en crois ma propre expérience, et celle de ceux que je connais, c’est quelqu’un qui a soif d’apprendre, de comprendre, d’avancer,… et qui se donne les moyens (outils, temps, finances, énergie,…) pour y parvenir.

Mais apprend-il seul ?

Cette fois la réponse m’est soufflée par Claude F. Pollak dans « La vocation d’autodidacte ».

« L’autodidacte n’apprend pas tout seul, mais ses maitres, ses guides, ses sourciers, car il en a toujours (même s’ils peuvent prendre diverses figures), ne sont pas les enseignants habilités par l’institution scolaire à délivrer dans le cadre scolaire les connaissances et à en certifier par des titres la possession.»

Toute ma vie, j’ai beaucoup lu, suivi des cours en ligne, participé à des séminaires,… Je dépense au moins 3000 à 4000 euro par an en livres, cours en ligne, séminaires,… Sur certains sujets j’ai aussi des mentors qui m’ont beaucoup apporté au fil des ans…

Bien sûr cette situation n’est pas toujours facile, en particulier en France où domine la loi du diplôme, et le mythe de la formation solide suffisante pour toute la vie.
Lorsque je me suis marié, mes parents m’ont dit : « Maintenant il faudrait devenir sérieux… ». Ils l’ont redis à la naissance de chacun de nos enfants 😉

Mes 7 années au Québec m’ont bien montré en quoi cette myopie française était destructrice, et que l’on peut (on doit !) apprendre toute la vie.
Je vous renvoie à la citation d’Henry Ford en haut de cette page :
http://astucieux-filemaker.com/cours/

Ce n’est pas facile, et certains en ont honte et s’en excuse, comme Robert. Et, je l’avoue, cela m’énerve un peu. Les dialogues échangés avec les uns et les autres à partir de ce blog, ou parmi les dizaines de personnes que nous coachons au fil des semaines, me montrent, chaque jour, que l’on peut apprendre FileMaker sans être diplômé en informatique, mathématique, ou autre tique…

L’un est coiffeur, l’autre restaurateur, ou bouquiniste, ou agent immobilier ou artiste de théâtre,… La liste est longue et passionnante.

N’ayons pas honte !

Autodidacte est un très bon nom. C’est comme « amateur » qui souvent est rabaissé à « non professionnel » et donc sous-tendu « mauvais ». Nous sommes tous des amateurs en FileMaker, car si nous venons partager ici sur notre logiciel préféré c’est que nous aimons ce que nous faisons.
Amateur c’est aimer…

L’important ce n’est pas le diplôme que certains se contentent d’afficher dans leur salle d’attente.
Je n’ai rien contre ceux qui ont des diplômes ; ma femme en a un très beau 😉
Et j’en connais sur cet espace qui en ont même plusieurs !

Je veux juste dire que ne pas en avoir n’est pas un frein.
Croyez en vous ! Croyez en ce que vous êtes, ce que vous êtes capable de faire,…
Continuez à apprendre… !

Désolé si cet article est un peu long,  mais j’avais vraiment envie de vous partager tout cela ce matin.

Michel Lansard

 

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  1. David
    11 ans ago

    Alors là, ça fait longtemps que je n avais pas vu un article aussi passionnant !
    Et c est pour cela qu il y a autant de monde qui apprécient ce blog
    Bravo Michel pour cette philosophie partagée


  2. Marie-Charlotte
    11 ans ago

    Si je puis ajouter mon grain de sel… c’est aussi pour ce que David exprime et ressent à la lecture de cet article que, malgré les aléas et le stress inévitables de tout travail professionnel, il est aussi agréable de travailler avec Michel, y compris lorsqu’on n’était pas prêt du tout à se lancer dans l’informatique !…

    Pour en revenir au sujet abordé par Michel, chacune des deux formes de formation, dans un cadre institutionnel (école, université, donnant accès à un diplôme, et sous forme autodidacte, ont chacune leurs avantages et leurs inconvénients. L’inconvénient de la formation universitaire est sans doute de rentrer dans un « système », parfois un peu fermé, mais qui ces dernières années, s’est formidablement ouvert à cause ou grâce aux nouveaux modes de communication (internet,…). Ce type de formation a cependant un gros avantage par rapport à l’auto-formation : si elle est bien conçue, elle permet de moins s’éparpiller et d’aller plus vite au but – si celui-ci est bien clair -, tout en ayant à disposition des cours complets et cohérents. Dans l’auto-formation, on a toujours le risque de s’éparpiller, de s’engager dans des impasses et donc de perdre du temps. Mais l’autoformation a l’avantage d’être plus créative, plus souple, induisant aussi une implication plus grande. On y trouve souvent plus de « génies » que chez les diplômés (cf. par ex. Steve Jobs).

    En outre, entre la formation universitaire diplômante et l’autodidacte informelle, il existe plein d’intermédiaires, comme les Mooc, avec ou sans certificat, ou le coaching tel celui que nous proposons sur FileMaker.

    Nous avons la chance de bénéficier d’une large offre, tant en termes de contenus qu’en termes de forme. Ceci nous permet de choisir le type de formation en fonction de ce que chacun nous sommes. Pour certains, qui ont besoin de cadre, la formation universitaire ou dans une école sera sans doute plus adaptée. D’autres, comme Michel, seront plus à l’aise dans une approche plus diversifiée. Cela dépend aussi des étapes de la vie : on peut là aussi distinguer une formation initiale (que l’on peut aussi suivre en cours de carrière professionnelle 😉 d’une formation continue, souvent plus informelle.

    On peut regretter l’importance prise par les diplômes. Ceux-ci ne sont qu’un point de repère. Il faut certainement les relativiser. Ils disent simplement que celui qui l’a obtenu ne s’est pas auto-évalué ou auto-proclamé comme compétent dans son domaine. On a besoin des autres pour apprendre, comme on a besoin des autres pour se corriger et savoir où on en est. Mais au final, notre réel diplôme, c’est la satisfaction de ceux pour lesquels nous travaillons !…


  3. Jos
    11 ans ago

    Tiens ce sujet est intéressant !

    – Observons la nature, les règnes de la nature : animal, végétal et minéral : on observe une grande intelligence dans les actions des uns et des autres. A priori, il n’y a pas d’école, ils sont tous autodidactes. Le savoir se transmet simplement. Il y a une forme d’intelligence collective où tout ce monde se réfère.
    – Observons le règne humain, à priori le plus intelligent. Les actions fondamentales de la vie, telles que : vivre en couple, élever ses enfants et des nombreux actes de la vie sont apprises en autodidacte.
    – A savoir, la nature humaine fonctionne selon un système établi par des humains. Ce système a besoin des repères, sinon il risque de déraper et devenir incontrôlable. L’école est un élément du système, pour que le système fonctionne avec le reste, l’école organise et contrôle le savoir.
    – Mais quelle école pour demain ? Car, l’Internet (avec le Web) est entrain de bouleverser les règles, les codes… Désormais, il se position comme un cerveau collectif humain, une forme d’intelligence collective, où chacun pourra organiser sa formation librement selon son projet.
    – Que va être notre mode d’apprentissage d’ici 10 à 20 ans avec l’intrusion de l’Internet dans notre système ?


  4. Bertrand
    11 ans ago

    Pour apporter ma pierre à cet édifice si bien monté par Michel, je dirai que je n’ai jamais eu honte d’être autodidacte.
    Ma vocation diplomée c’est de fabriquer et faire fonctionner du matériel électronique. Même si pendant mes études j’avais bricolé un peu contraint et forcé en Cobol et en Fortran pour avoir des « bons points » à l’exam de fin d’études, ce n’est pas ma vocation première. A 15 ans, j’avais décidé d’être ingénieur électronicien ou génie électrique
    Il m’a fallu avoir sous la main un Pet Commodore 2001 et une HP 85 qui s’ennuyaient sur un établi en 1980 pour m’intéresser à l’informatique. Après ce n’a été qu’achat de revues et bouquins au début pour apprendre Basic, puis Pascal, puis Lisa, puis Lisp et ainsi de suite. Maintenant c’est FileMaker Astucieux, FMSource et FM Technet pour apprendre ou « emprunter » en les citant les bonnes idées de mes collègues plus doués que moi en FileMaker.
    J’arrive même à vendre ce que je fais alors qu’en juin 2006, FileMaker, je ne connaissais même pas.
    Je n’ai pas suivi de de formation depuis 2005, mais je suis très content de ce que j’arrive à faire de FileMaker.
    Bon je vous laisse un nouveau projet en FileMaker se réveille et je vais avoir fort à faire.
    Ne vous inquiétez pas, je viendrai certainement vous importuner sur les forums.

    Bertrand


  5. Samad
    11 ans ago

    Je suis entièrement de votre avis. Les diplômés ne sont pas forcement les compétents. Sans passion on ne peut pas atteindre le sommet de son art. J’ai appris tout au long de cet article la vrai compréhension de l'<>.
    Merci