La révolution FileMaker

Désapprendre pour apprendre…

Vendredi dernier, je vous parlais de ces nouveaux utilisateurs FileMaker venus du monde des tableurs et « accrocs » de ceux-ci…

Je vous y expliquais qu’il n’est pas facile pour certains d’oublier ce qu’ils savent et maîtrisent parfaitement sous Excel ou Numbers et d’imaginer qu’ils peuvent retrouver l’équivalent dans FileMaker mais sous une forme très différente !

C’est une loi générale, qui dépasse largement le seul contexte de FileMaker et de l’informatique, qu’il est plus difficile de désapprendre que d’apprendre.

Les enfants, lorsqu’ils apprennent, disposent d’un terrain vierge, sur lequel on peut écrire ce que l’on veut. On le constate : leur faculté à apprendre nous étonne et nous émerveille !

Apprendre alors qu’on a déjà appris exige une étape préliminaire souvent douloureuse : celle de faire du vide, de l’espace pour recevoir le neuf, et même parfois, effacer ce qu’on a appris pour remplacer nos apprentissages par une version réactualisée…

Est-ce dire que tous ceux qui ont appris sont désavantagés par rapport à ceux qui n’ont jamais appris ? Heureusement non ! Car on peut aussi prendre appui sur des savoirs antérieurs pour apprendre du nouveau : si je sais bien maîtriser un traitement de texte, Word par exemple, il y a des chances pour que je me trouve assez rapidement des repères pour m’approprier Pages, le traitement de texte d’Apple, ou OpenWord, le logiciel open source.

C’est d’ailleurs sur ce principe que les sites internet sont conçus. À partir du moment où vous avez compris comment cela fonctionne, vous pouvez très facilement les utiliser, sans avoir besoin de formation. Il vous faut juste prendre quelques minutes pour repérer où se trouvent les boutons et les menus ! Et, depuis quelques années, les interfaces de nos solutions FileMaker s’en inspirent largement, exactement pour cette raison : pour en accélérer la prise en main !

FileMaker, une « vocation » à part

Alors, pourquoi dans certains cas, il est bon de s’appuyer sur des acquis et dans d’autres, il vaut mieux les mettre de côté ?

Je ne suis pas spécialiste des questions cognitives et ne répondrais donc pas à cette question à ce niveau. Je veux juste revenir sur l’exemple de l’apprentissage des logiciels.

Lorsqu’on met en parallèle l’usage de traitements de texte, de sites Web ou de fichiers FileMaker du point de vue de la navigation entre modèle, on se situe comme utilisateur, ou au mieux comme utilisateur avancé. Dès qu’il s’agit de développer – s’il y a possibilité de développer -, là, les différences entre les logiciels s’affirment et les repères s’effacent…

Mais dans le cas d’un tableur, le problème ne se situe pas uniquement sur le plan du développement de solutions à partir de l’un ou l’autre logiciel. Dès l’interface, si un utilisateur d’Excel doit utiliser une base FileMaker, il est vite perdu, même avec la vue Tableau. Et inversement, un utilisateur FileMaker n’est pas à l’aise avec un tableur et n’ira pas très loin avec…

Pourquoi ?

La fiche Astuce 98 livrée ce vendredi aux abonnés en présente plusieurs raisons.

Disons globalement que les objectifs des uns (tableurs) et des autres (FileMaker) ne sont pas les mêmes, ni les moyens pour les atteindre. La vocation d’un tableur est de calculer. Or, FileMaker sait calculer, et même le fait puissamment. Il sait aussi présenter ses calculs sous forme de graphiques et tableaux. Mais sa vocation à lui est de permettre la gestion des données sous toutes ses formes et ce, quelles que soient le type de données.

Sa façon de faire de la mise en page, des calculs ou des graphiques est conditionnée en amont par cette « vocation » première de gestion des données, poussée très loin par le relationnel.

Dès lors, la manière d’aborder mises en page ou calculs dans FileMaker est moins directe, moins intuitive que dans un traitement de texte ou un tableur. Il faut passer par le mode Modèle, créer des rubriques, etc… et pour cela, aborder ces différents aspects non comme un simple utilisateur mais déjà en tant que développeur…

On ne va pas créer une base FileMaker pour faire un calcul. Ni pour faire un courrier. On va créer une solution FileMaker pour gérer des données, c’est-à-dire pour les stocker et les utiliser en connaissant précisément leur « cheminement » et leurs interactions entre elles : c’est le rôle du travail de modélisation (1) que l’on accomplit en amont de la création d’une telle base…

Mise en page et calculs prennent alors place dans cet ensemble. Ils font partie d’un tout et c’est parce qu’ils appartiennent à ce tout qu’une mise en page doit passer nécessairement par le mode Modèle et qu’un calcul pourra s’effectuer de différentes manières et pas forcément par une fonction de calcul 😉

Comprendre ces subtilités, lesquelles se révèlent être aussi la force de FileMaker, exige d’être accompagné. Surtout lorsqu’on vient d’un environnement bureautique. Je le dis dans la fiche Astuce 98 évoquée ci-dessus, et Magalie le répète aussi à l’envie : passer d’un tableur à FileMaker, c’est opérer une véritable révolution ! C’est entrer dans un nouveau monde, quitter la 2e dimension pour connaître enfin un monde en relief, en 3 D !

Alors, prêts à faire la révolution ?

Marie-Charlotte Potton

(1) : Vous ignorez ce que veut dire « modélisation » ? Un module complet de la formation Personne Ressource FileMaker lui est consacré. Disons rapidement qu’il s’agit, à partir de l’analyse de besoins, de concevoir et de créer la structure de votre base de données relationnelle.

 

 

 

 

 

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  1. Jacques
    8 ans ago

    J’ai été (et suis encore un peu maintenant) confronté au « formatage » Excel. Une difficulté importante réside dans le fait que le raisonnement sur excel se fait sur un tableau (une même table) alors que sur FM on a la possibilité de (on doit) séparer les infos en plusieurs tables. Par ex. pour les lycées d’une Région on a développé sur FM une table « fonctions » ( Accès, Administration, Enseignement, etc.) avec chacune ses déclinaisons. Ces fonctions sont les mêmes quel que soit l’établissement. Un local particulier (laboratoire environnement par ex.) appartient à une fonction particulière, mais il n’existe pas forcément dans tous les établissements. Il est donc sur une autre table (locaux) reliée par l’indice de sa fonction d’appartenance. Bien. Jusqu’ici pas de pb. Le système roule. Sauf que la Régions a fusionné avec une autre Région, laquelle a édifié une gestion de ses propres lycées basée sur excel, en mélangeant sur un même ligne fonctions et locaux, et leur système roule (tant bien que mal). Qui va pouvoir développer un système commun ? Comment faire fonctionner des neurones formatées base de données avec des neurones formatées tableur?
    Ce commentaire n’est pas pour solliciter une piste pour la concertation, mais pour faire remarquer qu’on nous avait promis des économies d’échelle en fusionnant les Régions … je n’en suis pas si sûr!

  2. Votre exemple illustre mieux que je ne saurais le faire et dans un contexte parlant la difficulté… Car dans mon article et dans la fiche Astuce, j’ai parlé de ceux qui, venant du monde des tableurs, sont motivés pour faire la démarche pour accéder au monde des bases de données relationnelles. Ils sont déjà convaincus du bien-fondé de la démarche… Mais en amont, que dire de ceux qui n’ont pas idée de ce que de telles bases peuvent apporter et qui, pour des raisons politiques entre autres, ne feront de toute manière pas le pas d’y venir…

    Ayant moi-même travaillé brièvement en milieu universitaire dans des fonctions entre autres de secrétariat il y a maintenant plus de 10 ans, j’avais eu l’impression de régresser sérieusement du fait de l’utilisation abusive d’Excel et le refus de passer à FileMaker. Que dire maintenant, alors que je sais que l’on continue sur cette même lancée ? L’écart ne fait que se creuser davantage. Dans le cas que vous présentez, les arguments rationnels devraient l’emporter.

    Malheureusement, je crains que ce ne soit pas le cas : dans ce genre de situations, on n’est plus dans de l’informatique, mais dans des luttes d’influence et des croyances non vérifiées…


  3. Bertrand
    8 ans ago

    Contrairement à FileMaker, la suite Microsoft Office ou OpenOffice ou LibreOffice est présente sur quasiment tous les PC dans l’industrie, les banques ou les administrations.
    C’est la raison pourquoi on utilise de l’Excel à tour de bras et en plus on se passe les tableaux de personne en personne.
    Je sais par expérience qu’il y a une très forte opposition à utiliser des bases de données où les contraintes sont plus grandes et les modifications ou adaptations quasiment impossibles. En général, on fournit au personnel des bases toutes ficelées sur lequel l’utilisateur n’a aucune prise. Ces bases sont développées par des gens comme nous sur commande ou sont des adaptations de bases éprouvées pour des tâches bien précises.
    Excel a encore de beaux jours à se faire mais rien n’est perdu pour FileMaker.


    • Magalie Jeune
      8 ans ago

      Merci pour la note d’optimisme à la fin ! 🙂


  4. Michel
    8 ans ago

    Je rebondis sur le commentaire de Marie-Charlotte. Les arguments pour choisir un matériel ou un logiciel, en informatique, sont loin d’être toujours objectifs.
     
    Il y a les aspects marketing de l’édition de logiciels. J’ai été plusieurs années journaliste de mensuel informatique. J’ai eu entre les mains parfois des logiciels supers, bien meilleurs que le leader du moment sur le même marché. J’avais en main le CD, le manuel, la boîte…pourtant ils n’ont pas percés car le marketing du leader était écrasant.
     
    Il y a inévitablement la question des habitudes des utilisateurs. On travaille mieux avec ce que l’on connait, même si ce n’est pas parfait. De plus, réapprendre quelque chose de nouveaux, est parfois une épopée insurmontable.
     
    Il y a parfois des luttes de pouvoir au sein d’un organisme, et là, la vérité historique n’est pas forcément considérée comme fondamentale. Je pense à un responsable informatique (qui ne supportait pas les macs) refusant fermement de réfléchir au potentiel de FileMaker, car ce logiciel était né sur mac ! Et tant pis si la version originelle de notre logiciel préféré vient de MS-Dos ! Par contre, ce responsable n’avait aucun souci pour vanter sa gestion sous Excel, qui lui, est vraiment né sous Mac ! Son équipe a donc continué à perdre de nombreuses heures chaque semaine avec ses tableaux…
     
    Il y a parfois des aspects politiques. C’est du moins ce que l’on trouve régulièrement dans l’histoire de l’informatique française, que cela soit à travers les plans calculs, le minitel « meilleur qu’internet » ou ces jours-ci les velléités du gouvernement de réinventer les claviers français.
    À ce sujet je vous invite à lire ce que j’ai écris sur l’un de mes blogs :
    —> http://jautre.com/clavier-francais
     
    En fait, chaque outil a ses forces et ses faiblesses. Celui qui en profite le plus est celui qui est capable de savoir qu’ici il faut FileMaker, que là Excel conviendra bien, et qu’ailleurs, ma foi, un crayon et un papier c’est pas mal 😉
     
    Michel Lansard
    —> http://www.scoop.it/t/gerer-mes-donnes


  5. Jacques
    8 ans ago

    En effet, ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain. Même si, généralement, lorsque l’on pose la question : pourquoi utilisez-vous Excel? on entends « parce que c’est pratique pour faire des tableaux » Excel reste tout de même un logiciel de calcul génial avec qui dans certaines circonstances, aucune base de données ne peut rivaliser. Lorsqu’un problème se pose (et si on a la chance d’être là), une certaine pédagogie consiste à faire réfléchir apriori sur l’embranchement à prendre, Excel ou FM ? Montrer que c’est la densité des calculs par rapport aux exigences de manipulation de données qui doit orienter le choix, a l’avantage de laisser penser que le choix de FM n’est pas pour nous inconditionnel.